Comme dans la plupart des territoires de la biosphère, ceux de la Côte d’Ivoire subissent vraissemblablement les effets nefates du réchauffement climatique, notament à travers le phénomène de dérèglement climatique dans la filière agricole.

En effet, les riziculteurs traditionnels pluviaux de Gagnoa (Côte d’Ivoire) sont très affectés par les effets du changement climatique à cause de plusieurs facteurs dont les conditions socio-économiques précaires. Il ressort de l’analyse des données  (températures et précipitations entre 1961 et 2014), une augmentation des températuresmaximales et minimales (moyennes annuelles) respectivement de 1,5°C et 0,5°C et une tendance à la baisse des précipitations ( de près de 20 % depuis 1965) avec des séquences sèches de plus en plus accrues et un raccourcissement de la saison des pluies. Quatre risques climatiques ont été identifiés et ont permis d’évaluer les impacts sur la riziculture, l’eau, la végétation et le sol. La confrontation des impacts des phénomènes climatiques avec les capacités d’adaptation des riziculteurs liées à leurs moyens d’existence a permis d’évaluer leur vulnérabilité qui reste élevée (TA BI ZAWA, 2017).

 

Afin de contrer les effets du réchauffement climatiques, le pays a mis en place en 2012, sous l’egide du ministère en charge du développement durable, le programme national changement climatique (PNCC), avec pour mission de proposer des mesures d’adaptation face aux changements climatiqueset oeuvrer pour l’atténuation de leurs effets en Côte d’Ivoire. Trois axes stratégiques ont été identifiés: (1) Promouvoir l’intégration des changements climatiques dans les politiques et stratégies sectorielles, dans la planification du développement et renforcer le cadre institutionnel et juridique; (2) Améliorer et vulgariser la connaissance nationale sur les changements climatiques et renforcer les capacités des acteurs; (3) Promouvoir des mesures d’atténuation des effets des changements climatiques dans tous les secteurs.

Malgré la pertinence de ce programme, le caractère hautement stratégique de l’activité agricole oblige les décideurs à aller bien, car en réalité, aujourd’hui en Côte d’Ivoire, les acteurs locaux de la société civile et du monde des affaires semblent relativement peu engagés. L’absence ou le peu de débats publics sur les questions de changement climatique et le peu d’intérêt qu’accorde l’opinion à ce sujet traduisent l’idée communément répandue que les effets ds changements climatiques se manifesteront dans le futur. Il n’en demeure pas moins vrai que les stratégies pour s’adapter ou atténuer les changements climatiques nécessitent des actions coordonnées et une adhésion de tous les acteurs (Banque Mondiale, 2018).

Les techniques d’agriculture intelligentes face au climat (AIC) devraient ainsi faire l’objet d’une attention particulière afin de permettre aux acteurs de la filière agricole de faire face à ce phénomène extrême. La sécurité alimentaire du pays en dépend.

Selon la FAO, l’AIC est une approche qui aide les personnes gérant les systèmes agricoles à faire face au changement climatique de manière efficace. Cette approche vise trois objectifs à savoir (1) l’augmentation durablede la productivité et des revenus, (2) l’adaptation au changement climatique et (3) la reduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), lorsque cela est possible. L’approche AIC vise par ailleurs à minimiser les contreparties (corrélations négatives) et à promouvoir les synergies en tenant compte de ces objectifs pour éclairer des décisions du niveau local au niveaumondial. Cette approche implique différents éléments inscrits dans un contexte local et porte sur des actions à la fois dans et au délà des exploitations agricoles, et intègre les technologies, les politiques, les institutions et les investissements.

Ainsi, en plus du programme national changement climatique, une action concrète comme le renforcement des capacités des acteurs impliqués dans les différentes filières devrait être une priorité absolue, face à la réalité du phénomènen de changement climatique en Côte d’Ivoire.

 

Dr Christophe GBOSSOU

cgbossou@yahoo.fr