Source: Afrik 21, fév. 2021

Les chercheurs du Royal Botanic Gardens (RBG) en Grande Bretagne viennent de définir 10 règles d’or, pour l’efficacité des projets de reboisement à travers le monde. L’Afrique qui entreprend le plus ambitieux projet du domaine, à savoir la « Grande muraille verte », un couloir végétal de 15 km de large et de 7 800 km de long dans le Sahel, devrait s’inspirer de ces règles pour atteindre les objectifs escomptés. Car pour les experts du RBG, planter un arbre à un endroit inapproprié peut entrainer des conséquences irréversibles.

Dans certains cas, la plantation d’arbres à grande échelle n’augmente pas l’absorption du carbone et peut avoir des effets négatifs sur l’écosystème et la biodiversité. Pour éviter de telles mésaventures, les chercheurs du Royal Botanic Gardens (RBG) de Kew au sud-ouest de Londres en Grande Bretagne définissent dix règles à respecter pour un reboisement adapté et efficace. La publication de ces dix règles d’or du reboisement intervient au moment où l’Afrique veut accélérer la mise en œuvre de l’initiative de la Grande muraille verte. Il s’agit d’une bande de végétation de 15 km de large traversant tout le continent africain sur 7 800 km en passant par 11 pays (Gambie, Sénégal, Mauritanie, Mali, Niger, Nigeria, Tchad, Soudan, Éthiopie, Érythrée et Djibouti).

Le choix de la zone à reboiser

Projet phare de l’Union africaine, la Grande muraille verte dont le but est de lutter contre les effets du changement climatique et de la désertification sur le continent africain ne respecte pas toutes les dix règles d’or de reboisement que proposent les chercheurs du RBG. Dans son implémentation, la grande muraille verte s’étale surtout sur des terres désertiques, et pourtant les experts anglais proposent de planter les arbres dans des zones qui étaient historiquement boisées, mais qui se sont dégradées. « Si vous plantez les mauvais arbres au mauvais endroit, vous pourriez faire plus de mal que de bien », explique la chercheuse principale, Kate Hardwick de RBG.

Protéger les forêts existantes en premier lieu

Cette règle sur le choix du site à reboiser rejoint les critiques déjà faites sur le projet de la Grande muraille verte. Selon ces critiques, le projet devrait plutôt incorporer les systèmes ancestraux de gestion des terres. Il vaudrait mieux protéger ce qui existe déjà dans la région, arrêter de couper les arbres dans les vallées et les oasis, réparer les dégâts causés par le changement climatique, éduquer les communautés sur les processus REDD+ et remplacer le bétail perdu. Selon Mark Hertsgaard du Monde diplomatique, la désertification n’est pas un phénomène uniforme : « ce sont ces bandes de terre qu’il faut viser, pas toute la bordure Sahel-Sahara ». Cet argument cadre avec la première règle de reboisement proposée par les chercheurs du RBG, celle de protéger les forêts existantes en premier lieu. « Chaque fois qu’il y a un choix à faire, nous soulignons que l’arrêt de la déforestation et la protection des forêts restantes doivent être une priorité », indique le professeur Alexandre Antonelli, directeur scientifique de RGB.

Les 8 autres règles d’or

Le reboisement à grande échelle, proposées par les chercheurs du RBG ne sont pas moins importantes. Elles tournent au tour des aspects déjà pris en compte par la Grande muraille verte. Il s’agit des aspects liés à l’intégration des habitants : mettre les populations locales au cœur des projets de plantation d’arbres, et rendre le projet lucratif pour les riverains.

Sur le plan de la diversité biologique, les chercheurs proposent de maximiser le rétablissement de la biodiversité pour atteindre de multiples objectifs, s’assurer que les arbres sont résistants pour s’adapter au changement climatique, utiliser la repousse naturelle des forêts dans la mesure du possible et de choisir les bonnes espèces d’arbres qui peuvent maximiser la biodiversité.

L’aspect managérial est constitué par la planification à l’avance, et la combinaison entre les connaissances scientifiques et les connaissances locales.

Boris Ngounou